L’engorgement mammaire fait partie des désagréments courants que les femmes peuvent traverser lors de l’allaitement maternel. Quelles en sont les causes et les signes cliniques ? Est-il possible d’éviter sa survenue ? On vous explique tout dans cet article, sans oublier de vous donner des solutions pratiques pour soulager les symptômes.
Cet article a pour objectif de vous informer mais ne remplace pas un avis médical. Au moindre doute, prenez RDV rapidement auprès d'un professionnel de santé.
ECHANGES GRATUITS & CONFIDENTIELS
Chaque MARDI & JEUDI avec Aurore psychologue et Stéphanie experte Grossesse et Allaitement
L’engorgement se caractérise par une accumulation excessive de lait dans les seins. En d’autres termes, les seins deviennent gonflés, durs et douloureux car le lait présent en grande quantité s’accumule dedans, et que la circulation du sang et de la lymphe est ralentie.
Dans les jours qui suivent la naissance de votre enfant, la production de lait augmente de manière significative pour répondre aux besoins du bébé. C’est ce que l’on appelle la montée de lait. Les seins augmentent de volume, deviennent plus lourds et chauds, et le colostrum (premier lait produit après la naissance) est remplacé par du lait de transition. Si votre enfant ne parvient pas à vider suffisamment vos seins, pour quelques raisons que ce soient, un engorgement peut apparaitre assez vite après la montée de lait.
Toutes les femmes qui allaitent peuvent être sujettes à l’engorgement au cours de leur allaitement. Il évolue favorablement en 24 à 48 heures avec une prise en charge adaptée. Plusieurs facteurs favorisent sa survenue :
En résumé, l’engorgement est favorisé par toutes les situations au cours desquelles le sein n’est pas suffisamment drainé.
L’engorgement s’accompagne de plusieurs symptômes :
L’allaitement est souvent plus difficile en cas d’engorgement car le sein est parfois tellement tendu, que votre bébé a du mal à l’attraper. D’autre part, l’inconfort que vous ressentez peut vous faire appréhender les tétées et vous inciter à les espacer, ce qui aggrave la situation. Il est important de ne pas rester seule face à cette situation, et de faire appel à des professionnels formés à l’allaitement.
La meilleure prévention de l’engorgement mammaire repose sur des tétées fréquentes et efficaces, sans limitation de leur nombre ou de leur durée. L’allaitement, c’est à la demande de l’enfant !
En pratique, proposez le sein à votre bébé dès qu’il montre des signes d’éveil, et ce, même si vous l’avez allaité peu de temps auparavant : les nourrissons tètent en moyenne 8 à 12 fois par 24 heures, y compris la nuit, mais pas toujours à intervalle régulier. Toute tension au niveau de votre poitrine doit vous inciter à augmenter la fréquence des tétées.
Pour que le sein soit drainé de manière optimale, il faut que la succion de votre enfant soit efficace et qu’il soit bien positionné. Prenez le temps de vérifier que ses oreilles, ses épaules et ses hanches sont alignées, et que sa bouche est grande ouverte pour attraper l’ensemble de l’aréole. Une fois que votre bébé est au sein, laissez-le téter jusqu’à ce qu’il lâche le sein de lui-même avant de lui proposer le deuxième.
Pensez également à varier les positions lors de l’allaitement.
Enfin, veillez à ne pas porter de soutien-gorge trop serré, cela risquerait de comprimer votre sein et de constituer un obstacle à l’écoulement du lait.
En cas d’engorgement, le seul traitement efficace consiste à vider le sein par tous les moyens possibles. Le mieux placé pour accomplir cette mission reste votre bébé, à condition qu’il draine correctement vos seins. Il est donc important de faire vérifier les positions d’allaitement et la succion de votre enfant par un professionnel de santé ou une conseillère en lactation. Une fois que ce point est vérifié, d’autres mesures permettent de soulager l’engorgement.
Allaitez votre bébé le plus souvent possible, au minimum 8 fois par 24 heures, et sans limite de temps. N’hésitez pas à garder votre enfant une grande partie de la journée en peau à peau de façon à ce qu’il ait votre odeur et qu’il puisse accéder facilement à votre sein.
Pensez à varier les positions d’allaitement pour un drainage optimal. Vous pouvez par exemple essayer la position de la louve (vous êtes à 4 pattes au-dessus de votre bébé), qui facilite l’écoulement du lait par gravité. Une autre astuce consiste à positionner le menton de votre enfant sur la zone douloureuse de votre sein. La pression exercée peut aider à vous soulager.
Les femmes ne sont pas toutes à l’aise de la même manière avec les différentes positions d’allaitement. De même, un enfant attrapera correctement le sein dans une position mais aura peut-être plus de difficultés dans une autre. Le tout, c’est d’en essayer plusieurs, et d’alterner celles qui vous conviennent le mieux. N’hésitez pas à vous faire accompagner si besoin par un(e) conseiller(e) en lactation.
La pratique de la contre pression aréolaire permet d’assouplir l’aréole et facilite ainsi la préhension du sein par votre bébé, chose qui peut être difficile en cas d’engorgement. Avant la tétée, positionnez 3 doigts de chacune de vos mains à plat sur l’aréole (une main de chaque côté du mamelon). Exercez alors une pression douce contre votre cage thoracique pendant environ une minute, puis relâchez l’appui. Répétez cette opération en déplaçant vos doigts tout autour du mamelon. Ce geste doux permet également de faire perler du lait.
Avant de mettre votre bébé au sein, ou s’il ne parvient pas à le drainer suffisamment, vous pouvez avoir recours à l’expression manuelle pour vous soulager. Commencez par désengorger vos seins en réalisant des mouvements circulaires de l’extérieur du sein vers l’aréole à l’aide de 3 ou 4 de vos doigts. Placez ensuite vos mains à plat et avancez progressivement de l’extérieur du sein vers l’aréole, jusqu’au mamelon. Répétez ce geste tout autour du sein.
Pour extraire manuellement le lait, placez le pouce et l’index de part et d’autre du mamelon (à environ 3 cm), de façon à ce qu’ils forment la lettre C. Pressez alors vers la cage thoracique puis effectuez un mouvement comme si vous vouliez rapprocher vos 2 doigts l’un à l’autre, sans les déplacer sur la peau, et relâcher. Répétez ces mouvements tout autour de l’aréole pour bien drainer l’ensemble du sein.
L’expression du lait peut également se faire à l’aide d’un tire-lait électrique, mais ce dernier doit être utilisé avec parcimonie car il peut avoir tendance à stimuler la production de lait. Il peut être utile pour vider un peu le sein avant une tétée, mais l’expression manuelle doit être privilégiée. Quelle que soit la méthode utilisée pour exprimer le lait (manuelle ou électrique), il est recommandé de faire téter votre enfant après l’expression pour qu’il assouplisse davantage le sein.
Avant la tétée, vous pouvez appliquer une source de chaleur sur les seins (douche chaude, compresses chaudes) pour faciliter l’écoulement du lait et aider au drainage. Entre les tétées, préférez l’application de froid pour soulager la douleur et réduire l’œdème, par exemple en plaçant une poche de glace entourée d’un linge propre sur votre poitrine. En appliquant des compresses froides sur les seins entre les tétées, vous pourrez limiter l’inflammation locale.
Les feuilles de chou ont des propriétés antiinflammatoires qui peuvent être utiles pour réduire la douleur occasionnée par l’engorgement. En pratique, retirez la nervure centrale des feuilles de chou, puis écrasez ces dernières au rouleau à pâtisserie. Placez-les ensuite dans le soutien-gorge à température ambiante ou après les avoir mises au réfrigérateur pour bénéficier de l’action conjointe du froid.
L’argile verte, par ses propriétés drainantes, est également une alliée intéressante pour réduire la congestion de la poitrine. Parlez-en à un professionnel de santé, tel qu’un pharmacien. Pour réaliser des cataplasmes, mélangez de l’argile verte en poudre avec de l’eau froide à l’aide d’une cuillère en bois (le plastique ou les métaux peuvent dénaturer l’argile), jusqu’à obtenir une pâte. Placez ensuite ce mélange entre des compresses humidifiées que vous appliquez sur vos seins, en veillant à ne pas recouvrir le mamelon. Dès que l’argile commence à sécher, retirez le cataplasme et rincez les seins sous l’eau.
Si la douleur reste malgré tout trop intense, l’utilisation temporaire d’antalgiques peut être envisagée avec votre professionnel de santé.
Certains conseils autrefois préconisés, comme la restriction des apports hydriques, le bandage des seins ou le port d’un soutien-gorge serré, ne sont plus recommandés car ils n’ont montré aucune efficacité et ont plutôt tendance à aggraver l’inconfort des femmes.
L’engorgement est un phénomène rapidement réversible si la prise en charge est adaptée et précoce. S’il est négligé, il peut par contre évoluer rapidement vers une mastite (inflammation du sein).
Si malgré toutes les solutions mises en place pour réduire l’engorgement, vos symptômes persistent au-delà de 24 à 48 heures, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé (sage-femme, pédiatre) ou une conseillère en lactation sans tarder. La présence d’autres signes doivent vous alerter et vous amener à consulter rapidement. Ces signes peuvent éventuellement être évocateurs d’une mastite.
Seul un professionnel pourra faire la différence entre un engorgement et une mastite et vous proposer une prise en charge personnalisée.
Sources
Le Laboratoire Gallia encourage l'allaitement maternel au moins jusqu'aux 6 mois de l'enfant en accord avec les recommandations de l'OMS. En effet le lait maternel est l'aliment le mieux adapté aux besoins spécifiques des bébés. Par ailleurs, la réglementation interdit aux industriels de l'alimentation infantile de communiquer sur leurs laits pour nourrisson (0-6 mois). Consultez votre médecin.
J'ai compris